1. |
L'enfant du pays
03:24
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C'est un vieux pays lointain
Qui n'a qu'une seule saison
Mais lointain ici c'est rien
C'est au bout de la maison
C'est l'enfance qui rentre au port
Par le trou de la serrure
On frappe à la porte encore
On garde même les épluchures
Les carcasses des remorques
Sont dépouillées par la rouille
Les chats s'y replient en bloc
Quand d'autres chats les dérouillent
Et quand on te rend visite
Tout le monde est au carreau
Ici le temps passe moins vite
Que la couleur des rideaux
Moi quand j'y reviens parfois
Je fais l'enfant du pays
Qui rentre dans le bar tabac
Qui fait poste, épicerie
Je reprends l'accent du coin
Mais je ne trompe plus personne
J’ai le cul d'poule parisien
Le «e » muet sur la Garonne
On réchauffe dans la casserole
Le café quand il est froid
On n'y met une goutte de gnôle
C'est toujours bon pour c'que t'as
On sort la boîte St Michel
Les galettes de leurs étuis
Celles qu'on n'a eu à Noël
Dans le colis d’la mairie
On fait le tour en photo
Des membres de la famille
On regarde la date au dos
Quand la mémoire s'éparpille
Tiens celle-là tu t'en rappelles
On n'avait encore la Diane
C'était juste avant l'Opel
J'attendais Yvan où Anne ?
Moi quand je repasse par là
Je fais l'enfant du pays
Qui sait quand un chien aboie
C'est quelqu’un qu'est pas d'ici
Du coup j'ai mal aux genoux
C'est sûr’ment qu’la pluie s'amène
J'en rajoute un peu beaucoup
Je dis bonjour toute la semaine
C'est un vieux pays lointain
Qui n'a qu'une seule saison
Mais ici lointain c'est rien
C'est au bout du portillon
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2. |
Enfin voilà
02:37
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On l'dit souvent quand c'est trop tard
Les portes se ferment et le train part
Et le sifflet du chef de gare
Couvre toujours, les mots d'amours
On l'dit comme ça sur le palier
Quand l'ascenseur s'est refermé
Du bout des lèvres quand on murmure
Des mots qui semblent faire le mur
Alors pendant que je t'ai sous la main
Plutôt qu’y remettre à demain
Avant qu'tu m'files entre les doigts
J'voulais te dire……
Enfin voilà !
On l'dit aussi quand on s'enfuit
Derrière la vitre d'un taxi
Sur le message du répondeur
En courant d'air comme un voleur
Parfois encore dans le boucan
Du métro qui passe en même temps
Au téléphone quand on raccroche
Sur un papier au fond d'la poche
Alors pendant qu'on n'est tout seul
Avant qu'tu partes ou qu'on s'engueule
Et tant qu'à faire puisque qu'on n'est là
J'voulais te dire……
Enfin voilà !
Plutôt qu'attendre la fin du bal
Un jour dans un lit d'hôpital
Où bien quand tu m'entendras plus
Sous les sirènes du Samu
Dans des cendres au fond d'un bocal
Sous le marbre d'une pierre tombale
Dans l'marque page de nos mémoires
Dans un sursaut de désespoir
Alors pendant qu'je t'ai en face
J'me suis entraîné dans la glace
Avant qu'un de nous sois plus là
Je voulais t'dire…..
Enfin voilà !
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3. |
A moitié, à demi
02:30
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J’ai la moitié de mes amis
Qui sont mort tout autour de moi
L’autre moitié qui s'est enfuit
Pour se terrer comme des rats
J’ai la moitié d’une maison
Mais il lui reste si peu de tuiles
De murs, de rires et de plafond
Qu’elle ne tient plus que par un fil
Il reste la moitié de la ville
La moitié des rues en gravas
J’ai plus qu’un œil, celui qui brille
S’ouvre plus pour ne voir que toi
J’entends plus qu’à demi ma mère
Pleurer sur le corps de ma sœur
Mon père a usé ses prières
Entre ses mains froissées de peur
J’ai la moitié de ta photo
Toi mon amour, toi ma demie
L’autre a brûlé et mes sanglots
N’ont pu sauver qu'une partie
Ton visage, ton dernier sourire
Tes premiers mots au saut du jour
Le baiser avant de partir
Celui promis à mon retour
Ce soir une moitié de lune
Trempe ses pieds dans le ruisseau
La moitié du pont dans la brume
Retiens les corps flottants sur l’eau
Des ombres remontent la berge
Perdues à mi-chemin de croix
Au milieu de l’enfer, émerge
Une chanson douce d’autrefois
Cette nuit je prendrai un bateau
Une demie barque de fortune
Un rafiot, un demi radeau
A la lueur d’une demie lune
On traversera l’océan
En face y’aura bien un pays
Même tout petit, à moitié grand
Pour ne plus vivre ’à demi
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4. |
L'ambulance
03:11
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Je n'avais jamais entendu
Le chant ininterrompu
Des sirènes
Dans le brouhaha des villes
Dans les bouchons immobiles
Des semaines
Parfois même leurs tintamarres
Me semblaient presque illusoires
Volontaires
Comme pour se frayer un chemin
Après une journée de turbin
Ordinaire
C'est dans l'angoisse du silence
Quand soudain ça pue la mort
Qu'on entend les ambulances
Dehors
J'avais jamais fait trop gaffe
Un peu comme le chant des piafs
J'étais sourd
Je vivais là dans cette cohue
Des travaux qui n'en finissent plus
Au carrefour
Dans l'antre des bétonneuses
Le bip bip des pelleteuses
Répété
Les camions de benne à ordure
Où derrière quelques Ben-hur
S'agrippaient
C'est dans l'angoisse du silence
Quand le ciel vous tombe dessus
Qu'on entend les ambulances
Perdues
J'ai vécu dans un cocon
Sans avoir peur ni d'un avion
Ni des bombes
Quand chez nous la dernière guerre
N'est plus qu'une plaque mortuaire
Une vieille tombe
Alors j'ai pas l'habitude
Quand la peur fait son prélude
Sous ma f'nêtre
Je lui jett'rai bien des pièces
Pour qu'enfin elle nous laisse
À la fête
C'est dans l'angoisse du silence
Quand le cœur se déchire d'effroi
Qu'on voit arriver l'ambulance
Chez soi.....
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5. |
Un oiseau
02:14
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Un oiseau
S'est posé sur mon chapeau
Lui qui ne s'approchait plus
Ni des villes ni des rues
Ni des hommes
Un oiseau
Un volatile, un moineau
Ce sans cage ,ce pique à miette
S'est installé sur ma tête
Sur ma pomme
Il a bâtit sa maison
En brindille et en coton
Et quand il arrose ses fleurs
Moi je pleure
Un oiseau
Qui vit sur mon ciboulot
À pendu sa crémaillère
Invitant les sans volières
Les sans nids
Et là haut
Des merles et des étourneaux
Des traînes miséreux sans "ciel"
Qu'ont fuit l' chat d' la mère Michèle
Toutes leurs vies
Ont dansés sur mon chagrin
Ont piaillés jusqu'au matin
Pris mon plancher pour les planches
"Saltim'branche !"
C'en est trop
Du balai, du vent, ciao
C'est fini la foire aux becs
Vas t'faire plumer chez les grecs
Débarrasse
Illico
Sous les rames du métro
J'ai jeté mon chapeau d'paille
Sans préavis et sans baille
Sans pap'rasse
Mais parfois dans mon sommeil
Dans le creux mon oreille
Je les entends rire encore
De ma mort....
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6. |
Incognito
02:46
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J’ai fait Clayderman
Sur croisières Méditerranée
Georgia on my mind
Promenade des Anglais
D’un salon d’hôtel quatre étoiles
Bruits de fond
De coupes à Champagne
Et verres de Bourbon
Soir après soir assis au piano
Incognito
J’ai fait rock’n’roll
Sur tous les tréteaux les terrasses
L’été à Bandol
L’hiver Avoriaz
Les fêtes au village les podiums
De juillet
J’y ai mis la gomme
Et j’ai fait danser
Mes nuits rêvées de guitar hero
Incognito
Chanter à tue-tête
Un air à la mode
Au bal des lampions
Au fond des guinguettes
Java pasodoble
À l’accordéon
Pour des cachets moderato
Incognito
Pas bien raisonnable
À vue de banquier de comptable
Ce choix dans les poches
D’une double croche
À la batterie sur un violon
Au saxo
Jouer sa partition
Et en rubato
Avoir eu la vie d’un musico
Incognito
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7. |
Le Frigidaire
00:01
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Le vol des mouettes suspendu
Sur les coteaux du frigo
La recette du pain perdu
Du far breton aux noyaux
Un resto dans Carcassonne
Une liste de courses à rallonge
Une réduc pour une Calzone
Un régime qui jette l'éponge
Une carte de visite
D'un garagiste rue Kleber
Quand la vie pète une durite
Quand elle claque fort les portières
Demain c'est les encombrants
Je jetterai le frigidaire
Sur les trottoirs verglaçants
J'ai laissé l’autocollant
De « Ségolène tous derrière »
Un calendrier d' la poste
Qui rétrécit les congés
Une carte postale d'Aoste
Quand les rimes viennent à manquer
Un sourire de maternelle
Qui ruina la petite souris
Une grenouille qui « vermicelle »
Quand le temps est à la pluie
L'effigie de Bernadette
Qui a croisé la Dame Blanche
Entre Lourde et Espelette
A la sortie d'l'A 60
Demain c'est les encombrants
Je jetterai le frigidaire
Faut voir ce que jette les gens
Avec un peu d'chance sûrement
Je pourrai faire des affaires
Dis je fais quoi des dessins
Où les fleurs sont gigantesques
Les soleils sont jaunes poussins
Où surtout je suis grotesque
Le numéro d'ton travaille
Juste en cas d'urgence vitale
Mais pas pour les gosses qui braillent
Encore moins pour le linge sale
Dis moi qu'on remettra pas
Sur le frigo flambant neuf
La carte de France « Le Gaulois"
Les tables de zéro à neuf
Demain c'est les encombrants
Je jetterai le frigidaire
Je repeindrai au printemps
Le meuble en formica blanc
Les quatre chaises et l'étagère
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8. |
L'amour sur le carreau
00:01
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J'ai perdu l'appétit
Moi qui mangeais ta part
Je tourne dans le lit
J’ai le sommeil bavard
Je tire sans résistance
Sur moi la couverture
Avec toi j'y repense
C'était Excalibur
Je suis comme un matin
Qu'a perdu sa routine
Je te cherche comme un chien
Tout au bout des tartines
L'amour sur le carreau
Et la vie dans les cordes
Comme un dégât des eaux
Quand le chagrin déborde
J'ai ouvert ma fenêtre
A un chat sans gouttière
Contre quelques croquettes
On partage mon enfer
Il est pas très miaulant
Moi d'mauvaise compagnie
La nuit on se comprend
Tous les chats sont aigris
Il m'a semblé entendre
Ta voix sur le palier
Je sais ça peut surprendre
Je n’t’écoutais jamais
Ce n'était que ma mère
Qui passait en coup d'vent
Toujours en Angleterre ?
Dit ‘elle en souriant
Bien sûr y'a les copains
Qui passe pleurer un coup
Qui ont soif, qui ont faim
Qui mang'rait bien un bout
La bouche pleine ils m'approuvent
Clignant du bout des yeux
Avalant tout c'qu’ils trouvent
Tu vois j'fais des heureux
Je suis comme un Carlin
Qu'a perdu sa Darling
Je passe du guide Michelin
Au café « chez Micheline »
Un camion Iveco
A vidé tout l'appart
J'ai planqué l'escabeau
Et dénoué ma cravate….
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9. |
Un dernier tour de Pise
00:01
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10. |
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Ça n'veut rien dire partir trop tôt
Comme si certains partaient trop tard
C'est jamais le moment, c'est faux
Que l'on soit jeune ou bien vieillard
On a toujours des choses à faire
On a toujours des bises en vol
Ou des amours retardataires
Laissées sur le banc de l'école
On a toujours le monde à voir
À la fenêtre ou bien dehors
Les matins c'est fait pour l'espoir
La vie c'est fait pour vivre encore
Ça n'veut rien dire partir trop tôt
Y'a pas vraiment d'heure pour mourir
C'est jamais dans le bon tempo
Même si on n'a plus rien à dire
On a toujours les yeux qui traînent
Même si on n' relève plus la tête
Il y'a toujours l'eau des fontaines
Pour voir son reflet apparaître
On a toujours des mains qui cherchent
À attraper entre leurs doigts
L'autre main qui vous tend la perche
Comme le jour de nos premiers pas
Ça n'veut rien dire partir trop tôt
C'est des excuses, c'est des foutaises
C'est juste une ruse quand t'as plus d'mot
Quand la mort ferme les parenthèses
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11. |
Tiens bon !
00:01
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TIENS BON !
Le chien qui saute la barrière
Et court dans la lunette arrière
Et puis mon père qui accélère
Pour disparaître sous l'horizon
Tiens bon !
Renaud roulé dans un poster
Le maillot red de Manchester
L'enfance sur la banquette arrière
Tient toute entière dans un carton
Tiens bon !
Toute façon, on retiendra quoi
La vie passe comme on claque des doigts
Souris pour la photo ! Basta !
Le piano de William Sheller
Le sable qui ne verra plus la mer
Au fond du pot sur l'étagère
Les souvenirs qui miaulent en rond
Tiens bon !
Un paquet d' Malboro légère
Le film qu'on repasse à l'envers
Pour s'arrêter pile où Dewaere
Flanqu' un coup de boul' au patron
C'est bon !
Toute façon on retiendra quoi
Puisque ton ticket n'sert qu'une fois
C'est la fin du film et Basta !
Les cahiers qu'on n'a plus ouverts
La carte de France du p'tit Robert
Les fautes intactes de grammaire
Qui refusent d'être au diapason
Tiens bon !
Le soir qui éteint les lumières
La lune qui trempe dans la rivière
Et le papillon éphémère
Qui cogne sa tête au plafond
Tiens bon !
Toute façon qui s'en souviendra
Se rappelera de nous, de toi
À la fin on meurt et Basta !
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12. |
Chez Abdel
00:01
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Au café chez Abdel
On refait plus le monde
Il est bien trop cruel
Il est bien trop immonde
Et si les verres chancellent
Et si les cœurs s'y grondent
C'est qu'ici même le ciel
Passe pour Monsieur tout l'monde
Au café chez Abdel
Il y'a toute la mappemonde
Un Paki' d' la Chapelle
Un ancien d'la Rotonde
Un chinois de Sarcelles
Un gitan de Villemomble
Et un vieux colonel
Qui remonte le Mékong
Au café chez Abdel
Y'a rien d'autre à la ronde
On s'y croise on s'y pèle
On s'y taxe des blondes
On est rond comme des pelles
On est muet comme une tombe
Quand le fric te rappelles
Que t'en dois à tout l'monde
Au café chez Abdel
On attend qu'la nuit tombe
On interpelle untel
« Va t'as bien une seconde ! »
Comme on n'a plus d'oseille
On paye « zobi » sur l'ongle
Nos Ardoises à la pelle
On r'tourne à la Rotonde
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13. |
Au Flore
00:01
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Tiens t'as qu'à demander à Fred
Pas vrai qu'au Flore tu rentres pas
Si t'as pas l'encyclopéd'
Sous un bras
A l'heure du Ricard tomate
Tout le monde est au thé au lait
Pas un type qui joue aux cartes
Au tiercé
Faut savoir qu'là bas en prime
On gueule pas on s'apostrophe
Quand on parle on fait des rimes
Comme des profs
Ces gens-là sont du "morning"
Toi t'es même pas du matin
Cherche pas t'as pas l' feeling
Saint Germain
Le p'tit bouquin dans la poche
La chemise ouverte au col
Et l'écharpe de philosophe
Qui s'envole
A table c'est comme dans la haute
Pas d' serviette autour du cou
Jamais un rôt plus haut qu' l'autre
Pas comme nous
Ils ont des bagouses comme ça
Des grosses chevaliéres en or
Qui z'ont pas fauché com’ toi
Sur un mort
Ces gens-là s'appellent "Darling"
Toi ton nom qui s'en souvient
Cherche pas t'as pas le standing
Saint Germain
Le soir ils écoutent du jazz
Comme dans les cages d'ascenseur
Mais attention la grande classe
La fine fleur
Même ça s'appelle un Quartet
Pas de la zic' de tuyaux d' poêle
A la sueur de la trompette
Comme au bal
Surtout y'a personne qui danse
Sacrilège de néophyte
T'écoutes comme une conférence
Tu médites
Ces gens là passent au "living"
Toi tu passes pour un crétin
Cherche pas tu "no speaking"
Saint Germain
Ces gens là y prennent un drink
Toi tu rinces dans tous les bars
Cherche pas t'as qu' le standing
Saint Lazare.....
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14. |
Le Maudit (V. Sanson)
00:01
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15. |
Fallait la voir
00:01
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Fallait la voir tremper ses pieds
Dans l'eau limpide du bassin
Les poissons rouges s'attroupaient
Tout autour d'elle comme un essaim
Fallait me voir moi qui l'épiais
D'un air curieux plutôt malsain
Ce matin-là, j'ai oublié
J'étais venu jeter du pain
Fallait la voir quand elle rinçait
Ses jambes avec l'eau claire du bain
Qui semblait glisser, ruisseler
Comme sur des draps en satin
Fallait me voir moi qui suivais
Sans perdre une miette en chemin
J'ouvrais la bouche comme pour laper
J'étais prêt à boire comme un chien
Fallait la voir qui s'essuyait
Enroulée dans son drap de bain
Les poissons rouges s'ébrouaient
Ils étaient sortis du bassin
Fallait me voir, j'étais caché
Par pudeur derrière mes deux mains
Les doigts légèrement écartés
Comme l'aurait fait un collégien
Fallait la voir se rhabiller
Remettre sa robe sur rien
Le soleil à peine finissait
De sécher son corps quand soudain
Fallait me voir lui rapporter
Son chapeau envolé au loin
Dessus, le vent c'était jeté
Comme un bandit de grand chemin
Fallait la voir qui s'en allait
En m'ignorant pauvre clampin
Elle est partie par le sentier
Qui serpente entre les sapins
Fallait me voir moi qui pleurais
En rejetant dans le bassin
Les poissons morts venus s'échouer
Par amour comme font les dauphins
Fallait me voir en suicidé
En pain rassis du lendemain
Venir chaque jour me noyer
Dans l'eau limpide du bassin
Fallait la voir, trop tard, c'est fait
Vous arrivez quand c'est la fin
Elle n'est jamais rev'nu tremper
Ses pieds dans l'eau de mon chagrin
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16. |
Ma mère et Bécaud
00:01
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Elle écrivait souvent au courrier des lecteurs
De Télé Star
C'est eux qui gardent secret les adresses des chanteurs
Dans leurs tiroirs
Elle ne s' lassait jamais des lettres sans réponses
Bien au contraire
Cet amour là s'entête et jamais ne renonce
À son enfer
C'était toujours à sens unique
Du sentiment sans la pratique
Un coup de coeur pour rien dans l'eau
Ma mère et Bécaud
On mesure jamais l'importance
Elle pesait rien dans la balance
Qu'une dédicace sur une photo
Ma mère pour Bécaud
Chaque fois qu'elle entendait sa voix à la radio
Fallait la voir
Courir se recoiffer, remettre un peu de beau
Dans son regard
Et bien que l'on avait aucun rang à tenir
Y'a pas d'raison
Elle tenait sa maison prête pour l'acceuillir
Non mais dite donc !
C'était d' l'amour qui mène à rien
Une gare où n' s'arrête plus un train
Un quai sans voyageur désert
Bécaud et ma mère
J' entend d'ici vos rires idiots
Vous qui n'aimez que pour de faux
Comment comprendre ceux qui aiment trop
Ma mère et Bécaud
Y'a des amours qui se méritent
Jamais il lui rendit visite
Disparu sans laisser de mot
Mais "Quand il est mort le poète"
J'avais cette chanson dans la tête
Pour cet amour desperado
Ma mère et Bécaud
Pour cet amour desperado
Ma mère et Bécaud
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17. |
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Fais un effort Fernand
Souris qu'on voit tes dents
Fais ta plus belle grimace
Sinon ces idiots bêtes
Jett'ront leurs cacahuètes
Chez les babouins d'en face
Toi t'es sur l'dépliant
T'es avec le toucan
Les ours et les panthères
Nous on est d'la mandrille
Du singe de pacotille
Du primate ordinaire
On t'as encore monté la tête
Avec des histoires de savane
La liberté c'est des sornettes
Qu'on se raconte de liane en liane
Dis tu lis quoi sur la pancarte
Née en captivité ici
'Sert à rien d'chercher sur la carte
"Captivité" c'est pas un pays !
Fait un effort Fernand
Bon ça suffit maintenant
Comment il faut te l'dire
C'est ça tu veux qu'on ferme
Ou pire qu'on nous enfermes
Et bye bye la Palmyre
Fini les strass, les flashs
La vie qui payait cash
En banane, en coco
À l'eau et au pain sec
Et des tuyaux dans l'bec
Dans une cage de labo
On t'as encore monté la tête
Avec des vieux contes africains
La liberté c'est la disette
Toute une vie à mourir de faim
Et puis la bas y'a pas d'enclos
Dans ta forêt imaginaire
N'import' qui peu te faire la peau
Tu passerais même pas l'hiver....
Tiens si tu veux Fernand
D'mande à l'orang-outan
Il est là d'puis vingts piges
Regarde même les rapaces
Pourquoi ils restent sur place
À faire de la voltige
Ils pourraient s'envoler
S'enfuirent à tout jamais
Vers tes foutus tropiques
Tout ça c'est des légendes
C'est juste pour faire vendre
Des p'luches dans la boutique
On t'as encore monté la tête
Avec des histoires de veillée
La liberté c'est pour les mouettes
Et puis j' vais dire la vérité
Les antilopes elles baratinent
Nos ancêtres viennent pas du Kenya
J'ai lu au dos des figurines
On vient tous de Made in China
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18. |
Pense bête
00:01
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Penser d’appeler son Patron
Lui dire que l’on s’est cru Dimanche
Qu’on reviendra à l’occasion
Qu’on a trop de flemme sur la planche
Penser de faire les poussières
Finalement se faire un café
Penser de détartrer la cafetière
D’acheter de quoi la détartrer
Penser à faire le tour du monde
De tout plaquer de tout quitter
Penser que si la terre est ronde
Elle me ramènera à tes pieds
Penser d’ répondre au téléphone
Penser de mal le raccrocher
Penser d’appeler Maryvonne
Lui dire qu’on y a plus pensé
Penser de rendre à la voisine
Ses mots fléchés, ses « Marie Claire »
Penser d’emprunter sa farine
Qu’on a empruntée avant-hier
Penser à faire le tour du monde
De tout plaquer de tout quitter
Penser que si la terre est ronde
Elle me ramènera à tes pieds
Penser aux fleurs sur le balcon
Penser d’ jeter les géraniums
Penser de nourrir les poissons
Penser de donner l’aquarium
Penser d’aller aux cigarettes
Penser de n’plus fumer du tout
D’allez voir dans la boite aux lettres
Si quelqu’un a pensé à nous
Penser de dire à son docteur
Qu’on veut d’la vie en goutte à goutte
Penser de couper le moteur
D’attendre sur le bord de la route
Penser à faire le tour du monde
De tout plaquer de tout quitter
Penser que si la terre est ronde
Elle me ramènera à tes pieds
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19. |
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Texte original (avant taille d'été)
Hors sujet
Tête en l'air
Trop rêveur
Appliqué
A n'rien faire
Pendant l'heure
Passe son temps
A la f’nêtre
Comme les chats
Nonchalant
Pour s'y mettre
A chaque fois
Laborieux
Pour sortir
Ses affaires
Ingénieux
Pour mentir
Réfractaire
Je résume
Ouvrir les guillemets
Fermer « Gallimard »
Dans la lune
Semble dériver
Au fil des retards
Tête d'enclume
Fermer les guillemets
Ranger dans l'tiroir…
Parl' sans cesse
Chant' en classe
Rit tout fort
Trop d'paresse
Se prélasse
Pas d'efforts
Collectionne
Accumule
Les zéros
Affectionne
La pendule
Pas l’tableau
Parle anglais
Comm’ une vache
Espagnole
Accentué
Quand il mâche
Du ch'wing-gum
Insolent
Insoumis
Incapable
Affligeant
Assoupi
Sur la table
A la traîne
Ici pour
Faire sa nuit
Comme la seine
Suis son cour
Dans son lit
Élève vif
Et rapide
Comm’ personne
Réactif
Et lucide
Quand ça sonne …..
|
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20. |
Le grand Héron
00:01
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T'étais aussi grand qu'un clocher
Parfois les nuages s'accrochaient
Dans tes lunettes
Et sur la buée de tes carreaux
Comme on laisse un mot au tableau
Au prof de lettre
Je t'envoyais des paragraphes
Des monceaux de fautes d'orthographes
Par la fenêtre
Que tu découpais au ciseau
Taillant parfois les pieds en trop
À la serpette
T'avais la taille d'un grand héron
Pour changer l'ampoule au plafond
C'était pratique
Pour toucher deux mots au patron
Lui glisser entre deux chansons
Quelques cantiques
T'avais le cœur coupé en deux
Moitié bon z'homme moitié bon Dieu
L'âme alambic
Le dos voûté au fond des caves
Quand Pauillac et la pointe de grave
Ouvraient boutique
T'étais pas plus haut que mille pommes
Il te fallait pour faire un somme
Plus d'un transat
T'étais le premier averti
Quand soudain'ment la dernière pluie
Se carapate
T'avais choisi le ciel normand
Une vallée d'Auge aux pommiers blancs
Où les barattes
Tournent le beurre comme les horloges
Des métiers d'hommes qui trouve éloge
Dans tes pénates
J'ai recompté tous les oiseaux
Ce soir il y'en a un en trop
Dont l'envergure
Soulève l'air comme la bise
Sèchant au passage les chemises
Et les peintures
Et quand il rase les terrasses
Des cafés du vieux Montparnasse
Comme un murmure
J'entends la guitare de tonton
Depuis l'impasse Florimont
Longer les murs
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21. |
J'ai pris froid de vous
00:01
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J'ai pris froid de vous
Un froid d'caribou
Partout
Des pieds jusqu'au cou
J'aime trop ça j'avoue
Surtout
Quand reviendrez-vous
Bel amour cache-cou
Cachou
J'ai pris froid de vous
C'est d'l'amour igloo
Glouglou
Un froid sibérien
Du froid sinon rien
Ne m' réchauffez pas
J'aime cette saison
C'est l'unique raison
D'être dans vos bras
J'ai pris froid hier
Dans vos yeux polaires
Trop clairs
Un vrai froid glaciaire
Comme à Vancouver
L'hiver
Je veux que cet ère
Dure un millénaire
Lunaire
J'veux une vie entière
D'amour sorbetière
"Bestiaire"
Un froid de pôle nord
Un froid qui vous mords
Ne m' réchauffez pas
C'est d' l'amour glaçon
La seule occasion
D'être dans vos bras
J'ai pris froid de nous
Et ma vie du coup
Sans vous
Ne vaut pas un clou
Vous pensez qu'a vous
J' m'en fou
J'aime ce froid en vous
Qui jette entre nous
Du vous
Me tutoieriez vous
Ou un point c'est tout
Itou.
Un froid de canard
Un froid à blizzard
Ne m' rechauffez pas
J'aime ce grand frisson
Qui court tout du long
Et meurt dans vos bras
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22. |
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Les gens du pays d'en face
Baissent la tête quand on passe
À côté d'eux
Ils se murmurent à voix basse
Des prières qui nous dépassent
Toujours un peu
Nous pour sortir de l'impasse
On prend l'arrogance hélas
Des présomptueux
Destinant nos vieilles carcasses
Au diable si un jour on casse
Nos pipes en deux
Les gens du pays d'en face
Ont des enfants qu'ils embrassent
Sur les cheveux
Qu'ils aiment et puis qu'ils enlacent
Qu'ils sermonnent et qu'ils menacent
Parfois des yeux
Et quand ils jouent sur la place
Leurs rires mêlés de grimaces
Remontent un peu
Les sourires à la surface
Parfois le bonheur terrasse
Les malheureux
Les gens du pays d'en face
Ont sur les mains des crevasses
Des doigts tous bleus
Le vent fusille ceux qui passent
Sur les quais de Montparnasse
De Lyon Par Dieu
Une pièce tombe on la ramasse
La vie joue à pile ou face
À sauve qui peu
Dieu pour tous, chacun pourchasse
Ce rêve si fou si tenace
Celui d'être heureux
Les gens du pays d'en face
Baissent la tête quand on passe
À côté d'eux
Quoi qu'ils disent ou quoi qu'ils fassent
Ils n'auront jamais leurs places
Au coin du feu....
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Laurent Gatz France
"En marge des modes et des formats convenus, Laurent Gatz propose une chanson française originale, audacieuse, portée par un solide groove et une formation musicale de premier plan.
(newmorning.com)
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